Sacrée réforme que celle proposée par Sylvia Pinel à propos du régime auto-entrepreneur, non seulement elle ne satisfait aucun acteur : des pro-auto-entreprise comme Hervé Novelli qui la juge « stupide »* aux anti-auto-entreprise comme l'Assemblée des Chambre des Métiers qui la juge trop légère. Mais de surcroit ajoutez à cela qu'elle est : - Impopulaire (85% des Français plébiscitent le régime); - Politiquement pénalisante (52% des sympathisants de gauche souhaitent que le régime ne soit pas modifié); - Coûteuse (moins de cotisations perçues par l'Etat pour plus d'allocations versées); - Antisociale (elle s'attaque aux personnes en situation difficile puisqu'une majorité sont d'anciens chômeurs et génèrent moins de chiffre d'affaires mensuellement qu'un SMIC); - Anti-entrepreneuriale (elle casse l'engouement autour de la création d'entreprise pour tous); - Pro-assistanat (elle envoi un message très négatif à ceux qui décident de s'en sortir par eux même); Mais ce n'est pas tout, à y réfléchir de plus près, le principal point de réforme, c'est à dire l'abaissement (pour ne pas dire l'écrasement) des seuils de chiffre d'affaires, concernera moins de 10% des auto-entrepreneurs, et devinez qui ? Ceux qui commencent à rencontrer du succès dans leur aventure entrepreneuriale, ceux qui sont donc susceptibles de passer au régime classique et de créer des emplois. Nul doute que grâce à cette réforme la France passera donc à côté de succès, car vous l'imaginez bien, peu nombreux seront ceux qui oseront passer au régime réel à 19 000 euros de chiffre d'affaires. Déjà qu'il faut y réfléchir à 2 fois avec l'actuel plafond de 32 000 euros ! En conclusion tout, absolument tout, semble contrer l'idée d'un abaissement des plafonds de chiffre d'affaires. Ce point de réforme nuit aux autres propositions car le projet avancé par Sylvia Pinel comporte de bonnes choses qui vont dans le sens de la valorisation de la création d'une auto-entreprise : développer les contrôles de qualification pour les activités réglementées, obliger l'indication de son ancien employeur lors de la déclaration de début d'activité, développer la partie formation, etc. Des axes de réflexion intéressants qui responsabiliseraient chacun face à la création d'une auto-entreprise et inciteraient, ceux qui le souhaitent, à se développer. Il semble donc que l'abaissement des plafonds de chiffre d'affaires n'a de but que de satisfaire les organisations du bâtiment, coûte que coûte… et, à priori, même au détriment du gouvernement.
* tweete d'Herve Novelli :