Aurélien Sallé, à l'origine du collectif de défense des auto-entrepreneurs, répond aux questions d'EVOPORTAIL quant au combat à mener pour sauver les auto-entrepreneurs du projet de Sylvia Pinel. EvoPortail : Vous êtes à l'initiative du collectif de défense des auto-entrepreneurs qui vise à unir les forces de plusieurs acteurs, et à l'origine de cette idée de projet participatif permettant de récolter des fonds (20.000 euros récoltés début août), comment interprétez vous le succès de l'opération ? Aurélien Sallé : Tout d'abord, je tiens à remercier les près de 750 donateurs qui ont eu le courage et l'audace de nous faire confiance ! Malgré la légitimité de notre coordination qui regroupe les acteurs historiques de l'auto-entrepreneuriat, il n'est jamais facile pour quelqu'un d'extérieur au mouvement de donner de l'argent dans une nouvelle forme de projet participatif. Le succès de ce projet est avant tout la marque que les auto-entrepreneurs ont la volonté de se prendre en main ce qui est la clé du sauvetage du régime. Comme nous l'avons répété, nous ne pouvons malheureusement compter que sur nous pour nous défendre. Les auto-entrepreneurs ont répondu présent, au cœur de l'été, pour montrer qu'ils étaient concernés par le sort de leur régime et qu'ils ne se résignaient pas à le voir disparaître. Maintenant, cette confiance nous oblige et nous devons nous montrer dignes de l'espoir placé en la coordination pour faire bouger les lignes. EvoPortail : Concrètement, pensez-vous que cette cagnotte permettra de lutter activement contre la réforme de Sylvia Pinel ? A.S : Dès le 29 avril, nous avons dénoncé l'incohérence de la politique suivie vis-à-vis de l'entrepreneuriat en exhortant d'un côté les français a entreprendre pour la croissance et l'emploi (assises de l'entrepreneuriat) et en voulant limiter LE régime qui incarne l'entrepreneuriat pour tous et qui pèse, depuis 4 ans, 56% de la création d'entreprises. Les 20 000€ récoltés ne feront pas de miracles mais vont nous permettre de structurer le mouvement de Défense, notamment dans les territoires, de communiquer et de préparer le débat parlementaire où tout se jouera. Nous avons la justesse de nos arguments, la réussite incontestée du régime, des milliers de témoignages de français qui ne comprennent pas pourquoi on veut les empêcher de travailler alors qu'ils ne font de mal à personne etc. Il faut mettre cela en forme et livrer des éléments clairs et objectifs (comme le rapport de l'IGF-IGAS) aux parlementaires afin qu'ils puissent éviter l'erreur tragique que serait le limitation du régime. Pour cela, nous avons besoin de nous entourer de talents et de les payer, cela sera la destination principale des sommes récoltées. EvoPortail : Vous avez beaucoup œuvré pour ce régime, non seulement aux côté d'Hervé Novelli à sa création, en êtes aussi un farouche défenseur, mais finalement assez discret. Vous ne vouliez pas trop vous exposer ? A.S : Je suis "un homme de l'ombre" comme on dit. Et je l'assume. Je privilégie une approche collective et collaborative, comme ici pour la coordination, à une approche personnifiée. Cette méthode peut fonctionner si l'on sait s'effacer devant l'objectif. Ce n'est pas simple, souvent ingrat, mais, aujourd'hui je crois que c'est la meilleure voie pour faire bouger les choses. Néanmoins, je suis conscient qu'il faut maintenant que je "m'expose" plus car nous sommes trop peu nombreux a pouvoir défendre efficacement le régime contre le système qui veut l'attaquer. Connaissant très bien ce système et ses rouages je pense que vous aurez beaucoup plus l'occasion de me voir et de m'entendre. EvoPortail : Pour conclure, que répondez-vous aux revendications des organisations représentatives des artisans, qui crient à la concurrence déloyale et demandent donc une réforme profonde du régime ? A.S : Je leur répondrai très prochainement dans une lettre ouverte qu'ils ne sont pas nos ennemis mais doivent devenir nos alliés ! La solution pour sortir la France de la crise, ce n'est pas de contraindre les choses simples mais au contraire de rendre simple les choses complexes. C'est pourquoi, comme Pierre Gattaz, j'exhorterai les artisans à demander la même simplification que les auto-entrepreneurs (notamment le "pas de chiffre d'affaires=pas de charges) afin qu'ils puissent se concentrer sur leur métier et pas sur de la paperasserie "administrativo-fiscale". Le régime a été pris en otage par des forces très puissantes qui cherchent à en faire un bouc émissaire à leurs difficultés. Si demain il n'y avait plus d'auto-entrepreneurs, aucun des problèmes réels et importants des artisans ne seraient réglé. Ils auront tué pour longtemps l'esprit d'entreprise en France sans pour autant régler aucun problème. Nous ne le tolérerons pas. Au delà des auto-entrepreneurs, des artisans ou des autres, nous partageons tous la nécessité de faire de la France une terre d' entrepreneuriat, une France conquérante dans un contexte de délitement de la politique et des finances publiques. Il faut un sursaut des entreprenants de ce pays qui doivent s'unir pour répondre efficacement au souhait du Président de la République d'une France d'entrepreneurs. Avec notre mouvement de Défense, je crois que nous montrons la voie. Pour rejoindre le collectif de défense des auto-entrepreneurs, une page facebook : http://facebook.com/defenseAE