Augmentation des cotisations au 1er janvier 2015, exclusion d'un grand nombre d'activités, obligation de passer un stage –coûteux- à l'installation, soupçons aigus de salariat déguisé, qualification d' « entreprises factices » (Michel Sapin, décembre 2013), application de la taxe CFE (en plus de la taxe d'habitation), etc. : ça, c'est pour les auto-entrepreneurs français. Pour les auto-entrepreneurs anglais (self employment) l'herbe est pour le moins plus verte. En effet, le gouvernement anglais ne cache pas son soutien pour ces travailleurs indépendants et lance de nouvelles mesures pour leur simplifier la vie et leur faire faire des économies. Explications.
Le gouvernement anglais soutient les entrepreneurs à domicile
Avec une croissance supérieure et un déficit inférieur aux prévisions, l'économie britannique se porte mieux et retrouve des couleurs, la reprise ayant lieu dans tous les secteurs de l'économie Après une cure d'austérité, le gouvernement de David Cameron a assaini les finances publiques et poursuit son objectif : le meilleur moyen de faire baisser le coût de la vie est de prendre « des décisions difficiles en matière de coupes budgétaires », afin de laisser aux générations suivantes un « Etat à la hauteur de nos moyens » (« a state we can afford »). Dans le prolongement des actions déjà menées, le gouvernement a annoncé le 15 août dernier, une série de mesures pour soutenir les entrepreneurs à domicile, voyant dans ce "self employment" un intérêt pour réduire le chômage et créer des emplois.
Le modèle anglais : booster la création l'auto-entrepreneuriat à domicile en exonérant les créateurs de la taxe foncière
Parmi ces mesures, une principale qui fera pâlir de jalousie les entrepreneurs français qui travaillent à domicile: à l'heure ou le gouvernement français décide que les auto-entrepreneurs devront payer la taxe CFE (en plus de leur taxe d'habitation), le gouvernement britannique vient quant à lui d'annoncer une exonération de la taxe foncière (l'équivalent de notre CFE) : ils auront juste à payer, à titre personnel, leur taxe d'habitation.
Les indépendants sont un atout reconnu dans l'économie britannique et la majorité des professionnels choisissent "le self employment", car ils souhaitent prendre le contrôle de leur vie et gérer leur temps. Une pratique qui s'étend et dont Andrew Mitchell, indépendant depuis 4 ans et qui aide les agences de marketing à développer leur chiffre d'affaires, en est l'exemple. "Je voulais vivre en Espagne, mon ancien employeur qui ne voulait pas que je parte m'a alors proposé de travailler à mi temps d'Espagne, ce qui m'a permis de développer ma clientèle. Depuis je suis revenu en Angleterre et je continue mon entreprise. C'est facile de créer son entreprise ici et le self employment est en vogue et inscrit dans les mentalités, il permet une grande flexibilité."
Supprimer les obstacles et simplifier la création d'entreprise
Ils sont ainsi 2.9 millions d'entreprises "à domicile" à représenter £300 billion de recettes (374 millions d'euros). Un secteur que le gouvernement souhaite soutenir, conscient de son importance. Les nouvelles mesures visent à facilité l'accès à la création d'entreprise en en facilitant les démarches : jusqu'alors soumis à un accord de leur propriétaire pour exercer leur activité à domicile, les entrepreneurs pourront grâce à un simple formulaire y prétendre. Les tendances suggèrent qu'en 2015 il y aura davantage de "self employed" que de salariés dans le secteur public.
Des emplois à la clé dans des secteurs d'activité variés
En voulant supprimer les freins à la création d'entreprise à domicile, le but est de soutenir les entrepreneurs britanniques à tous les stades du développement de leur entreprise. Selon Liz Peace directrice de la British Property Federation, "Si, 1 entreprise unipersonnelle sur 10 employait une personne, ce serait 300 000 emplois à la clé" ( BRI Estimations de la population et des affaires BIS enquête Small Business). Les métiers représentés par ces entreprises unipersonnelles touchent un large panel de professions : des comptables, des fabricants d'aliments congelés pour bébé, des livres, de la mode pour enfants ... Ces entreprises, longtemps considérées comme étant d'une faible importance économique, prennent le devant de la scène et l'action du gouvernement anglais vise à permettre au secteur de poursuivre son développement, un engagement pour faciliter la vie de ces petites entreprises et les accompagner dans leur croissance. Il reste à voir si ces mesures vont changer le quotidien des entrepreneurs ? Mais il est certain que les entrepreneurs individuels français exerçant à domicile, rêveraient de cette exonération, l'équivalent de notre CFE. Plus généralement, on peut imaginer qu'en France, avec l'augmentation du nombre d'auto-entrepreneurs, ce régime soit, dans quelques années, mieux considéré. Pour aller plus loin : www.gov.uk/government/news/...