De moins en moins de nouveaux auto-entrepreneurs : La FEDAE s'alerte

Actualité du régimeEtudes Par Ludovic Badeau - Posté le 18 juin 2015 - Consulté 8674 fois

2015 : Jamais le nombre de créations d'auto-entreprises n'aura autant été à la baisse que cette année ! Une situation qui alerte la Fédération des auto-entrepreneurs qui dénonce des formalités de plus en plus lourdes pour expliquer ce décrochage. Explications. 



Depuis quelques mois déjà, on entend Grégoire Leclercq, Président de la Fédération des auto-entrepreneurs, s'inquiéter des statistiques INSEE s'agissant de la création d'auto-entreprises en France. Et pour cause, les nouveaux auto-entrepreneurs n'ont jamais été si peu nombreux. Pour le comprendre, voici un graphique comparant les 5 premiers mois de 2014 et les 5 premiers mois de 2015 :

Un décrochage significatif et jamais vu, en comparaison à 2014, la création d'auto-entreprises est ainsi en repli de -15% (Janvier à Mai). 

" Jamais en 6 années de régime, nous n'avions constaté
des chiffres si catastrophiques ! "

Cette situation a de quoi inquiéter la Fédération des auto-entrepreneurs qui se veut alarmiste un indiquant qu'en 6 ans les statistiques n'ont jamais été si basses. Pour son Président, Grégoire Leclercq , la raison est simple : " Les formalités de création se sont complexifiées pour les activités commerciales et artisanales avec l'immatriculation voulue par la réforme Pinel. Résultat, ce sont bien ces activités qui chutent. Le nombre de créations d'auto-entreprises libérales reste stable car les formalités sont restées simples.".

En quoi les formalités ont-elles évoluées ?

Pour Jenora Sagbohan, Responsable du service Assistance EVO'PORTAIL, c'est très clair : " Si avant l'auto-entrepreneur pouvait créer son entreprise simplement en ligne via lautoentrepreneur.fr, ce n'est plus du tout le cas sauf pour les libéraux. Désormais, à chacun ses formalités. Ainsi, depuis la réforme Pinel, le plus lourd reste de créer une activité artisanale avec l'obligation du SPI (stage de préparation à l'installation), un stage coûteux et qui prend du temps.".

" Les auto-entrepreneurs : des travailleurs autonomes "

Pour la Fédération des auto-entrepreneurs c'est évident : "les détracteurs du régime expliqueront sûrement que cette baisse n'a rien de négatif car elle montre que la réforme Pinel a eu une effet d'écrémage. Ainsi, seuls les plus déterminés osent encore ouvrir une auto-entreprise quand avant n'importe quel Français pouvait le faire, quel que soit sa détermination et ses moyens.".

Mais pour contrecarrer cet argument, Grégoire Leclercq souhaite remettre au centre du débat les principaux concernés, les auto-entrepreneurs eux-mêmes : " ils sont pour une large majorité des Français qui souhaitent lancer une "petite activité" complémentaire ou qui veulent tester de créer leur propre emploi plutôt que de l'attendre. En complexifiant, on espère sûrement n'attirer que ceux qui auraient "un esprit d'entreprendre" et mettre de côté "les autres". Alors même que ce sont ces "autres" qui sont le cœur du régime : des Français qui, à la base, ne se considèrent pas comme des entrepreneurs mais plutôt comme des travailleurs autonomes qui souhaitent lancer une activité. C'est à eux que l'on ferme la porte car "pas assez motivés, pas assez entrepreneur dans l'âme". Peut-être que l'auto-entrepreneur devrait s'appeler, à l'image de l'Angleterre, "Self Employed" (auto-emploi). Je m'attriste de voir des Français qui renoncent à lancer une petite activité secondaire pour compléter un Smic parce que les formalités d'inscription sont devenues coûteuses (parfois 300 euros) et demandent trop de temps. Et je ne parle pas de la taxe CFE ! ".

Le député Laurent Grandguillaume appelé en soutien

En 2014 il a réussi l'exploit de mettre tout le monde à peu près d'accord alors que la bataille entre les pro et les anti auto-entreprise battait son plein. Grégoire Leclercq souhaite donc de nouveau le mobiliser ainsi que Martine PINVILE, Secrétaire d’Etat au Commerce, à l’Artisanat, à la Consommation et à l’Economie Sociale et Solidaire pour évoquer cette situation jugée préoccupante. 

L'auto-entreprise, toujours le dispositif préféré des français pour entreprendre 

Malgré cette baisse, près d’une création d’entreprise sur deux s’effectue sous le régime de l’auto-entreprise. Ainsi, 48,5 % des créations enregistrées sur les douze derniers mois furent des créations d'auto-entreprises. Un statut qui semble donc avoir encore de beaux jours devant lui !