Auto-entrepreneur et retraite : ce qu’il faut savoir pour bien anticiper
Le statut d’auto-entrepreneur connaît un succès grandissant depuis sa création en 2009. En 2023, l’Urssaf dénombrait plus de 2,6 millions de micro-entrepreneurs inscrits, représentant une part croissante de l’économie indépendante en France. Mais derrière la flexibilité de ce régime se cache une réalité souvent mal comprise : la question de la retraite en tant qu’auto-entrepreneur. Le sujet est crucial, notamment parce que le système de cotisation diffère de celui des salariés. Ainsi, comprendre comment fonctionne l’auto entrepreneur retraite permet d’éviter les mauvaises surprises et de mieux préparer son avenir.
Quel régime de retraite pour les auto-entrepreneurs ?
Les auto-entrepreneurs cotisent pour la retraite au titre de la Sécurité sociale des indépendants (SSI), anciennement RSI. Ce régime a été intégré au régime général en 2018, ce qui a permis une harmonisation des droits pour les indépendants.
Le taux de cotisation retraite varie selon l’activité exercée :
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17,75 % pour les ventes de marchandises,
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21,10 % pour les prestations de services commerciales ou artisanales,
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21,20 % pour les activités libérales.
Ces cotisations sont prélevées automatiquement par l’Urssaf sur la base du chiffre d’affaires déclaré, après application d’un abattement forfaitaire. Cela signifie que si l’auto-entrepreneur ne déclare aucun chiffre d’affaires, il ne cotise pas pour sa retraite. Ce point, trop souvent négligé, constitue l’un des enjeux majeurs du statut auto entrepreneur retraite.
Comment valider des trimestres en micro-entreprise ?
Contrairement aux salariés, les auto-entrepreneurs ne valident pas automatiquement quatre trimestres par an. Pour cela, un seuil minimum de chiffre d’affaires annuel doit être atteint, après abattement forfaitaire appliqué pour le calcul de l’assiette sociale.
Voici les seuils de CA 2024 permettant de valider des trimestres :
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Vente de marchandises :
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1 trimestre : 5 676 €
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4 trimestres : 22 704 €
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Prestations de service :
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1 trimestre : 3 408 €
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4 trimestres : 13 632 €
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Il est donc tout à fait possible de travailler à temps partiel ou de manière saisonnière tout en validant des droits à la retraite. Toutefois, de nombreux auto-entrepreneurs ne parviennent pas à atteindre ces seuils chaque année. D’après la Cour des comptes (rapport 2022), seuls 30 % des micro-entrepreneurs cotisent suffisamment pour valider leurs quatre trimestres annuels.
Quel montant de retraite pour un auto-entrepreneur ?
Le montant de la retraite d’un auto-entrepreneur dépend du nombre de trimestres validés et du revenu moyen calculé sur les 25 meilleures années. Cependant, du fait des abattements et de la faiblesse des revenus déclarés dans certains cas, le montant de pension perçue peut être significativement inférieur à celui d’un salarié.
Le calcul repose sur deux composantes :
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Retraite de base, versée par la CNAV,
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Retraite complémentaire, gérée par la CIPAV (pour certaines professions libérales) ou l’AGIRC-ARRCO pour les assimilés salariés.
Pour optimiser sa retraite auto entrepreneur, il est parfois recommandé de cotiser volontairement à une complémentaire retraite (type PER individuel) ou de se constituer une épargne privée.
Cumul emploi-retraite : est-ce possible en micro-entreprise ?
Oui, le cumul emploi-retraite est autorisé pour les auto-entrepreneurs, sous conditions. Le retraité peut poursuivre ou reprendre une activité en micro-entreprise, à condition de remplir deux critères :
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Avoir liquidé l’ensemble de ses pensions de retraite (de base et complémentaires),
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Avoir atteint l’âge légal de départ avec le taux plein.
Dans ce cadre, le chiffre d’affaires n’est pas plafonné et les cotisations versées ne génèrent plus de droits supplémentaires. Ce dispositif permet ainsi à de nombreux seniors actifs de compléter leur retraite tout en continuant une activité professionnelle.
Des pistes pour optimiser sa retraite en tant qu’auto-entrepreneur
Pour améliorer sa retraite auto entrepreneur, plusieurs leviers existent :
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Diversifier ses revenus, en cumulant plusieurs activités déclarées ;
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Surveiller régulièrement son relevé de carrière, via le site info-retraite.fr ;
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Effectuer des rachats de trimestres dans certains cas (études supérieures, années incomplètes) ;
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Épargner à titre personnel, via un PER ou un contrat d’assurance-vie.
Par ailleurs, des dispositifs comme le régime de retraite progressive peuvent s’appliquer sous conditions, permettant de réduire son activité tout en commençant à percevoir une partie de sa pension.
Conclusion : anticiper pour éviter les désillusions
Le statut d’auto entrepreneur retraite offre flexibilité et autonomie, mais demande également une gestion proactive de sa protection sociale. Trop de micro-entrepreneurs découvrent trop tard qu’ils n’ont pas cotisé suffisamment pour prétendre à une retraite décente. En prenant les bonnes décisions dès le lancement de l’activité, et en s’informant sur les dispositifs disponibles, il est possible de sécuriser son avenir tout en profitant des atouts du régime.