Auto-entrepreneur, retraite et cotisation : comprendre le régime en 2025
Le statut d’auto-entrepreneur, en constante progression depuis sa création en 2009, attire par sa simplicité administrative. Cependant, il suscite aussi des interrogations, notamment sur la protection sociale et la retraite. En 2023, selon l’Urssaf, plus de 2,8 millions de micro-entrepreneurs étaient actifs, mais une majorité d’entre eux cotisaient peu, voire pas du tout, pour leur retraite. Comprendre le lien entre auto-entrepreneur, retraite et cotisation est donc essentiel pour anticiper son avenir professionnel, sécuriser sa carrière, et éviter de mauvaises surprises. Ce point est d’autant plus crucial que le régime repose sur une logique de cotisation proportionnelle au chiffre d’affaires déclaré.
Quel lien entre chiffre d’affaires et droits à la retraite ?
Le régime de la micro-entreprise repose sur une règle simple mais parfois mal comprise : pas de chiffre d’affaires, pas de cotisations, donc pas de droits sociaux. Cela vaut aussi pour la retraite de base et complémentaire.
Le montant des cotisations sociales dépend directement du chiffre d’affaires réalisé. En 2025, les taux de cotisation sont les suivants :
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12,3 % pour les ventes de marchandises ;
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21,1 % pour les prestations de services artisanales et commerciales ;
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21,1 % à 21,2 % pour les professions libérales non réglementées.
Par conséquent, l’auto-entrepreneur qui ne facture pas, ou peu, valide difficilement des trimestres de retraite. Pour valider un trimestre en 2025, il faut déclarer un revenu annuel d’au moins 1 746 € nets, soit un chiffre d’affaires minimum variable selon l’activité (en raison des abattements forfaitaires appliqués).
Ainsi, pour un prestataire de services, cela représente environ 3 046 € de chiffre d’affaires annuel par trimestre validé. Il faut donc générer au moins 12 184 € de chiffre d’affaires dans l’année pour valider quatre trimestres.
Quelles sont les cotisations versées pour la retraite ?
Les cotisations retraite prélevées par l’Urssaf dans le cadre du régime micro-social simplifié alimentent deux régimes :
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La retraite de base, gérée par la CNAV ou la SSI (ex-RSI) selon l’activité ;
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La retraite complémentaire, obligatoire, selon l’organisme compétent (CIPAV ou SSI).
Ces cotisations sont proportionnelles au chiffre d’affaires et incluses dans le taux global mentionné précédemment. Elles sont prélevées automatiquement, ce qui facilite leur suivi. Toutefois, le montant de retraite future reste faible si le chiffre d’affaires annuel reste bas.
D’après le rapport 2023 du Conseil d’orientation des retraites (COR), un auto-entrepreneur déclarant un chiffre d’affaires modeste percevra une pension moyenne inférieure de 40 % à celle d’un salarié à revenu équivalent, notamment en raison de l’absence de cotisations patronales et de complémentaire volontaire.
Peut-on compléter sa retraite en tant qu’auto-entrepreneur ?
Il est tout à fait possible, et souvent recommandé, de souscrire à une retraite complémentaire volontaire. Plusieurs solutions existent :
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Le Plan d’Épargne Retraite (PER) ;
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Des contrats de retraite Madelin (pour les anciens travailleurs non-salariés) ;
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Des versements volontaires à l’assurance retraite via la CARSAT.
Par ailleurs, un auto-entrepreneur peut cumuler plusieurs régimes. Par exemple, s’il exerce également une activité salariée, ses droits à la retraite seront cumulés. Ce cas de figure est fréquent dans les phases de lancement de micro-entreprise.
Quels risques en cas de sous-cotisation ?
Le principal risque lié à une mauvaise compréhension du lien entre auto-entrepreneur, retraite et cotisation est la non-validation des trimestres. Or, pour bénéficier d’une retraite à taux plein, il faut en 2025 valider 172 trimestres (soit 43 années), selon l’année de naissance.
De plus, les années à faible chiffre d’affaires ou en activité partielle peuvent avoir un impact durable sur le montant de la pension perçue. Il est donc essentiel, même en régime simplifié, de simuler régulièrement ses droits via le portail info-retraite.fr ou en consultant la Caisse de retraite compétente.
Vers une évolution du régime en 2025 ?
Le régime des auto-entrepreneurs continue d’évoluer. En 2023, un projet de réforme prévoyait de mieux intégrer les indépendants au système de retraite universel, en harmonisant les cotisations et en instaurant un suivi plus individualisé. Si ce projet a été gelé, il pourrait resurgir dans les années à venir.
Les pouvoirs publics s’interrogent aussi sur la pérennité du statut micro-social à long terme, notamment en matière de protection sociale. En effet, une étude de la DREES (2022) montre que seuls 47 % des auto-entrepreneurs cotisent suffisamment pour valider 4 trimestres chaque année.
Conclusion : anticipation et vigilance
Le statut d’auto-entrepreneur offre une souplesse précieuse, mais il implique une responsabilisation forte de l’entrepreneur, notamment sur les aspects sociaux. Comprendre la mécanique des cotisations retraite permet de poser les bons jalons dès les premières années d’activité.
Le lien entre auto-entrepreneur, retraite et cotisation ne doit pas être négligé. Au contraire, il faut l’envisager comme un pilier de sécurisation à long terme, quitte à se faire accompagner pour évaluer ses droits ou optimiser ses versements volontaires.