Être auto-entrepreneur en 2018 est une « solution anti-crise réelle et efficace » comme l’écrivait déjà la Fédération des auto-entrepreneurs dans son livre blanc de 2013. Ce régime créé en 2009, a été pensé pour simplifier la vie des personnes voulant se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Véritable levier pour encourager tout porteur de projet à démarrer une activité indépendante. L’auto-entrepreneuriat est le régime tremplin pour démarrer son activité. L’auto-entrepreneur bénéficie en effet, non seulement d’un régime fiscal ultra simplifié, mais aussi d’un calcul simplifié des cotisations et contributions sociales.
S’il y a autant d’auto-entrepreneurs qu’il y a de projets, ce régime est plus particulièrement adapté à certains profils.
Faites-vous partie des heureux élus à l’auto-entreprise ? Evo’portail fait le point.
Les bonnes raisons de se lancer dans l’aventure de l’auto-entrepreneuriat
- Un test grandeur nature : devenir auto-entrepreneur est un très bon moyen pour s’essayer à l’entrepreneuriat et expérimenter son activité économique dans un premier temps, puis la développer dans un second temps. C’est aussi savoir si l’on peut se glisser dans la peau d’un chef d’entreprise.
- Une prise de risques limitée : être auto-entrepreneur permet de valider son idée grandeur nature sans pour autant prendre de risques. Pour bénéficier de ce statut, l’auto-entrepreneur doit respecter des seuils de chiffre d’affaires. Depuis le 1er janvier 2018, les plafonds de chiffre d’affaires autorisés ont augmenté :
- de 82800€ à 170000€ pour les activités de vente de marchandises, d’objets, de fournitures, de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou pour des prestations d’hébergement à l’exception de la location de locaux d’habitation meublés dont le seuil est de 70000 €,
- de 33200€ à 70000€ pour les activités de prestations de services. Le régime auto-entrepreneur présente des avantages importants. L'auto-entrepreneur bénéficie de la franchise en base de TVA dès lors que son chiffre d'affaires annuel n'excède pas les plafonds définis selon l'activité. La franchise en base de TVA reste donc en place jusqu'aux plafonds majorés de 35 200 € et 91 000 € au-delà, l'auto entrepreneur devra collecter la TVA et la reverser à l'Etat. Les formalités de création sont allégées, le paiement des charges simplifié sont autant d’avantages pour l’auto-entrepreneur. Il bénéficie d’une exonération de la cotisation foncière des entreprises (CFE) l'année de création son activité. A partir de 2019, les auto-entrepreneurs n’auront plus à verser la cotisation foncière des entreprises (CFE) si leur chiffre d’affaires est inférieur à 5000 €. La déclaration et le paiement des cotisations et contributions sociales sont également simplifiés, tout comme la déclaration et le paiement de l'impôt sur le revenu (versement libératoire de l'impôt sur le revenu), sur option et sous certaines conditions. Toutes ses mesures sont là pour aider et encourager le porteur de projet.
- Une flexibilité dans l’activité : ce régime est ouvert pour toutes les activités indépendantes. Les seules limitations sont relatives aux activités réglementées ou activités agricoles.
- Un régime ouvert à tous. Comme l’indique le portail des auto-entrepreneurs « Toute personne peut, sous conditions, devenir micro-entrepreneur, que ce soit à titre principal ou à titre complémentaire. Cette activité doit être exercée sous forme d’entreprise individuelle et relever pour l’assurance vieillesse de la Sécurité sociale pour les indépendants ou de la Caisse inter-professionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (Cipav). Un entrepreneur individuel déjà en activité peut, sous certaines conditions, opter pour le régime micro-entrepreneur ». Il s’adresse ainsi à tous : homme, femme, étudiant, salarié, demandeur d'emploi, fonctionnaire ou retraité.
- Une souplesse dans la gestion de l’activité : à plein temps, en complément d’une autre activité. Être auto-entrepreneur c’est avant tout être libre et indépendant dans l’organisation de son activité économique.
- Un accès au marché du travail. Devenir auto-entrepreneur c’est la possibilité de créer son propre emploi, à son image.
Cela ne vous a jamais chatouillé l’esprit ? Vous ne vous êtes jamais dit : “j’ai une idée géniale, mais je ne veux pas consacrer tout mon temps à mon travail, j’ai aussi une vie de famille à côté, ou je ne veux pas choisir entre les études et un boulot...”.
Choisir l’auto-entrepreneuriat permet de répondre à ces dilemmes. Ce statut peut être un premier pas vers la création d’entreprise et/ou la constitution d’un revenu d’appoint.
Portraits d’auto-entrepreneurs :
- Les mam’preneurs : les femmes qui décident d’entreprendre n’ont pas forcément les mêmes motivations que leurs homologues masculins. Elles ont tendance à privilégier leur qualité de vie, leur développement personnel mais aussi les relations interpersonnelles. Ce régime est donc un bon moyen d’allier vie personnelle et vie professionnelle, tout en gagnant en indépendance. La possibilité par exemple d’exercer son activité d’auto-entrepreneur à la maison ou d’aménager son temps de travail à sa guise permet aux femmes entrepreneuses de jongler plus aisément entre leur rôle de chef d’entreprise, d’épouse, de mère. Elles peuvent également s’appuyer sur des réseaux qu’ils leur sont dédiés et qui les aident à mener à bien leur projet professionnel. Qu’ils soient nationaux ou régionaux, ces réseaux d’entrepreneuriat féminins ont pour but d’informer, de conseiller et d’accompagner les femmes créatrices d’entreprise.
- Les chômeurs : il est possible de cumuler ces 2 statuts. Chercher un emploi représente un gros investissement en temps et en énergie. Ces 2 éléments clés peuvent être mis au service de la création d’une nouvelle activité économique. Il est en effet possible de cumuler le statut de chômeur avec celui d’auto-entrepreneur. Depuis octobre 2014, tous les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier du maintien de leurs allocations chômage jusqu’à épuisement de leurs droits. La loi a posé une limite à ce cumul : le montant des allocations chômage cumulé aux revenus perçus dans le cadre de l’activité d’auto-entrepreneur ne pourra pas être supérieur au salaire moyen touché avant de percevoir les allocations chômage.
- Les étudiants. Ce statut permet de répondre à 2 objectifs principaux : saisir des opportunités ponctuelles de travail jobs d’été inclus, ou être le test d’un projet d’entreprise. Les étudiants représentent environ 5% des créateurs d’auto-entreprise selon l’Insee (2013/2014). Les étudiants de plus de 18 ans peuvent donc opter pour ce statut afin de lancer leur activité. Pour les étudiants de moins de 18 ans, ils devront obtenir l’accord de leurs représentants légaux, disposer des diplômes obligatoires, ils pourront alors créer une auto-entreprise de type artisanal ou libéral. Une auto-entreprise commerciale ne peut être ouverte que par un mineur émancipé sous certaines conditions. Choisir le statut d’auto-entrepreneur c’est aussi un moyen de décrocher des missions auprès des entreprises, et éviter les lourdeurs du CDD pour ces dernières. En tant qu’étudiant et auto-entrepreneur, l’étudiant restera affilié à sa mutuelle étudiante. L’activité d’auto-entrepreneur est considérée comme une activité secondaire.
- Les seniorpreneurs. Les seniors entrepreneurs ou seniorpreneurs constituent une nouvelle catégorie de l’environnement entrepreneurial. Le senior entrepreneur est en général âgé de plus de 50 ans, il est proche de la retraite ou déjà retraité. Il peut voir dans la création d’entreprise des avantages tant sur le plan économique que social et sociétal. Le statut de l’auto-entrepreneur est donc un bon moyen pour compléter sa pension de retraite (sous certaines conditions) tout en s’engageant dans une démarche citoyenne de transmission des savoirs par exemple.
- Les fonctionnaires ou salariés : devenir auto-entrepreneur c’est percevoir un revenu complémentaire tout en conservant par exemple un statut de salarié dans le secteur public ou privé. L’exercice de la micro-entreprise est compatible avec une activité salariée. Elle peut s'effectuer soit en parallèle d'un emploi, soit faire l’objet d’un congé non-rémunéré. Elle implique l’accord de l’employeur. Un fonctionnaire ou un agent dont le contrat est soumis au code du travail, occupant un emploi permanent à temps non complet ou dont la durée est inférieure ou égale à 70% de la durée légale du travail peut également exercer une activité d’auto-entrepreneur mais sous réserve de certaines conditions. Il a obligation de déclarer son cumul d'emplois à son autorité hiérarchique. Celle-ci pourra s'opposer à tout moment à la poursuite de son activité privée lucrative, si celle-ci estime que cette dernière nuit à l'exercice du service public.
La mise en place du régime de l’auto-entrepreneur avait pour but selon les mots même de son créateur Hervé Novelli, la « mise au point d’un régime simplifié pour les entrepreneurs individuels ». Le secrétaire d'État chargé des Entreprises et du Commerce extérieur de l’époque rajoute : « j’étais loin d’imaginer que ce régime allait entrainer une véritable évolution sociétale ». En devenant acteur de son propre projet de création d’entreprise, l’auto-entrepreneur est l’artisan de son destin économique et plus largement de son destin d’homme et de femme. Gérer sa « petite entreprise » en accord avec ses principes de vie tel est aussi la leçon à tirer de ce statut qui ne s’inscrit pas que dans l’économie.
Sources :
- Christel Tessier-Dargent, « Les paradoxes de l'entrepreneuriat de nécessité : Strapontin ou tremplin ? », Entreprendre & Innover 2014/1 (n° 20), p. 24-38. DOI 10.3917/entin.020.0024
- Adnane Maâlaoui et al., « Les seniorpreneurs : motivations, profils, accompagnement », Entreprendre & Innover 2014/1 (n° 20), p. 50-61. DOI 10.3917/entin.020.0050
- Adnane Maâlaoui, Sylvaine Castellano (dir.), 2013, L’autoentrepreneur dans tous ses états. Une approche transdisciplinaire, Un autre regard-Paris School of business, Paris, L’Harmattan, 202 p.
- https://www.lautoentrepreneur.fr/index.htm